Bisso Na Bisso, le grand retour
Bisso Na Bisso livre ce lundi son deuxième album, Africa. Dix ans après la sortie de Racines, qui s’est vendu à 200 000 exemplaires, le collectif franco-congolais composé de Passi, Calbo et Lino d’Arsenik, les 2 Bal’, M’Passi de Mel Groove, Ben-J des Neg’ Marrons et Mystik apporte un message de tolérance et d’espoir à la diaspora africaine à travers le monde. Rencontre avec Passi, le leader du groupe.
Le groupe Bisso Na Bisso a fait appel, dans son deuxième album, Africa, à de grands noms de la musique. Sont présents sur les 14 titres de cet opus : Manu Dibango, Sizzla, Espoir 2000, Cheb Houcine, Zola, Cheb Akil, Queen Etémé, Jérôme Prister Jacob Desvarieux, Les Nubians, Mayra Andrade, Angelique Kidjo, Ismael Lo, Meiway… Le leader du groupe, Passi, nous a accordé une interview.
Afrik.com : Bisso Na Bisso, enfin de retour !
Passi : On a mis du temps pour sortir cet album. Deux ans
d’enregistrement. Les 14 titres ont été choisis parmi une trentaine de
morceaux qu’on a composés. On les a joués sur scène, à Dakar, sans que
les gens ne les connaissent, et on a eu d’assez bonnes réactions. Bisso
Na Bisso est un groupe qui délire beaucoup, et je pense que les gens de
la diaspora africaine en ont besoin. En plus, on a pu charmer d’autres
personnes qui ne nous connaissaient pas ou qui étaient proches de
l’Afrique.
Afrik.com : Dix ans entre deux sorties d’albums, c’est long …
Passi : Oui, mais chaque membre avait besoin de développer
sa carrière solo. Après le premier album de Bisso, on n’a fait qu’un
seul concert à Paris et beaucoup en Afrique, aux Antilles… Pour ma
part, j’ai fait des compiles : Dealer de zouk, Dealer de ragga, des
albums solo, etc… et c’est pareil pour le reste du groupe. Tout le
monde était sur des projets personnels. Et on s’est réuni de nouveau
pour le second album Bisso Na Bisso. Le premier Bisso a fait plaisir à
la diaspora africaine parce qu’on venait avec une fierté africaine, en
assumant notre double culture franco-africaine.
Afrik.com : Votre premier album, Racines, s’est vendu à 200 000 exemplaires. Pensez-vous qu’Africa aura le même succès ?
Passi : C’est vrai que les chiffres de la musique ont
beaucoup baissé depuis 10 ans. Le disque d’or n’est plus à 100 000 mais
à 75 000 exemplaires vendus. J’aimerais bien que cet album soit décoré.
Si on a le disque d’or, ce sera pas mal.
Afrik.com : Comment as-tu eu l’idée de réunir tous les invités de chaque pays pour cet album ?
Passi : Le choix a été fait en groupe. On a fait Racines,
notre premier album, à cause du conflit qui s’est passé à Brazzaville,
et on s’est rendu compte que les sujets dont on parlait pouvaient
toucher tout le continent. Sur cet opus, Africa,
on a voulu prendre les invités du continent et aussi d’ailleurs pour
s’adresser à la diaspora africaine à travers le monde et surtout
surligner cette idée des Etats-Unis d’Afrique. C’est-à-dire, créer un
Rungis au milieu de l’Afrique où le surplus de bananes du Cameroun, par
exemple, pourrait servir à alimenter les autres pays. On a besoin de
défendre notre culture, nos coutumes, notre continent face au monde. On
a besoin d’une Afrique solide.
Afrik.com : Comment avez-vous rencontré les autres membres du collectif ?
Passi : M’Passi est ma cousine, Ben-J et Arsenik font
parti du Secteur A et on se connait depuis plus de 15 ans, les jumeaux
des 2 Bal’ m’ont été présentés par des amis, Ben-J fait parti des
Neg’Marrons... On est tous réunis par cette envie de délivrer un
message et de donner notre point de vue par rapport à l’Afrique, parce
qu’on a cet épiderme, cette couleur de peau que l’on ne peut pas mettre
de côté. Il faut que notre population, nos petits frères, l’assument.
Afrik.com : Quel est le rôle de chacun ?
Passi : Chacun emmène son opinion, son point de vue et sa
différence. Les jumeaux, ce sont deux déconneurs, Calbo a un côté plus
chantonnant, son frère Lino est beaucoup plus engagé politiquement,
quand à M’Passi, elle ramène la douceur et un avis féminin. Ben-J, lui,
est très proche du pays et moi j’essaie d’assumé le rôle de grand
frère. Quand on se retrouve sur scène, c’est le délire. C’est ça qui
fait notre force.
Afrik.com : Qui écrit les textes ?
Passi : Tous. On a tous tellement de chose à dire !
Afrik.com : De quoi vous inspirez-vous ?
Passi : Le morceau « Bon voyage », par exemple, sur lequel
on trouve ma cousine Mpassi, Calbo et moi est un message au continent
africain. Sur cinq personnes qui partent en voyage, il y en a un, voir
deux qui arrivent à s’en sortir correctement. Entre ceux qui se font
arrêter à la douane et se font rapatrier, ceux qui meurent en chemin
etc, il y en a peu s’en sortent bien. Ce n’est pas une façon de
critiquer mais plutôt de dire que, cette jeunesse africaine, il n’est
pas sûr qu’elle en sorte gagnante. Vaut mieux bien réfléchir avant.
Aujourd’hui, il y a l’Europe, l’Asie, les Etats-Unis qui s’intéressent
à l’Afrique. Si le travail est bien fait, on aura plus à gagner chez
nous qu’en allant en Europe. Notre génération commence à le comprendre.
Afrik.com : Quels rapports entretenez-vous avec votre pays d’origine et l’Afrique ?
Passi : J’ai ma carte d’ambassadeur de l’ONU. Je me bats
pour faire avancer les choses. Mon projet est de monter un studio
d’enregistrement au Congo. Il a beaucoup de jeunes talents chez nous,
mais avec peu de moyen pour avancer. Et c’est à nous de leur apporter
ce petit plus.
Afrik.com : Bisso Na Bisso sera en concert le 3 juillet à l’Elysée Montmartre, à Paris. Avez-vous d’autres dates prévues ?
Passi : Le 3 juillet à Elysée Montmartre, ce sera du
semi-live. On aura une autre date en décembre, mais ce n’est pas encore
calé. On a chanté samedi dernier au Zénith lors d’un concert organisé
pour la Drépanocytose. J’invite les gens à retrouver toutes les
informations sur notre site, sur Facebook… Internet fait totalement partie de notre communication.